Les 4 merveilles



Huy, la ville aux 4 merveilles. 

Malgré les apparences, Huy renferme un véritable trésor historique, héritage du passé prestigieux de la localité qui fut, au Moyen-Âge, la seconde ville la plus importante de la province de Liège.
Les hutois ont élu, à l'échelle de leur cité, quatre monuments en tant que merveilles.
On trouve tout d'abord, Li Rondia, la rosace située dans la plus haute tour de la Collégiale Notre-Dame, Li Bassinia, cette fontaine médiévale située en plein centre de la Grand-Place, Li Tchestia, l'ancien château de la ville qui fut l'objet de beaucoup de convoitises et enfin Li Pontia, ce pont permettant la traversée de la Meuse depuis des temps relativement anciens.
Ces noms ont comme particularité de se terminer en "ia" qui est du wallon hutois.



Panorama de la ville de Huy


"Li Bassinia"

Li Bassinia est une fontaine médiévale qui a été érigée en 1406 en plein centre de la Grand-Place de Huy. La fontaine est alors composée d'un grand bassin en laiton. Celui-ci aurait été fondu au moyen d’une ancienne cloche, Marie hideuse. Cette cloche sonnait lors d’exécutions capitales ou en cas d’attaque des ennemis aux remparts de la ville.
La fontaine est surmontée de 4 tours à créneaux qui s'alternent avec 4 statuettes. Ces dernières représentent différents Saints:

Sainte-Catherine : elle rappelle que l’eau qui alimente Li Bassinia provient d’une source située au faubourg Sainte-Catherine. Elle était de sang royal comme l’indique la couronne qu’elle porte
Saint-Domitien : ses habits sacerdotaux ainsi que le calice et le livre qu’il porte indique qu’il était un célèbre évêque de Maastricht. Egalement patron de la Ville, il remplit un rôle prépondérant à Huy.
Saint-Mengold : il porte un haubert, une cote de maille protégeant son corps et sa tête ainsi qu’une épée (à présent disparue). Il était patron secondaire de la ville, et compte de Huy.
Saint Ansfried : il fut le dernier compte de la ville de Huy durant le Xè siècle. Il porte des genouillères comme jadis les anciens chevaliers : elles témoignent qu’avant d’être évêques, Saint Ansfried était un guerrier de renom.

En 1597, une cinquième statuette vient s'ajouter au Bassinia. Celle-ci représente le "Cwèrneû". Le cwèrneû était le guetteur de la ville, il se trouvait au sommet de l'ancien beffroi et sonnait du cor afin de prévenir la cité si un ennemi venait la menacer.

Durant la 1ère moitié du XVIIIe S, Li Bassinia est complété d'un dais (ouvrage d'architecture et de sculpture en pierre, en métal, en bois sculpté ou en tissus, qui sert à couvrir un trône, un autel, une chaire, un catafalque, une statue, une œuvre d'église ou la place où siègent, dans les occasions solennelles, certains personnages) en fer forgé qui soutient l'aigle bicéphale de l'Empire Romain Germanique. Cet aigle rappelle que la ville de Huy appartenait alors à un fief du Saint Empire Romain.
En 1735, des bassins en pierre viennent aussi s'ajouter à la fontaine. Ceux-ci sont restaurés en 1881 et portent les noms des bourgmestres sous lesquels avaient eu lieu les restaurations précédentes.
La fontaine est aujourd'hui alimentée comme à l'époque: L'eau est amenée grâce à une pompe : celle-ci prend l'eau de la source qui se trouve dans le quartier de Sainte-Catherine.

Li Bassinia est classé Patrimoine Exceptionnel de Wallonie depuis 1999.

Li Bassina, au cœur de la Grand Place, avant d'être emporté pour rénovation

La fontaine a été retirée de la Grand-Place pour cause de restauration. Malgré de nombreuses tentatives de travaux, le monument s'est affaissé avec le temps, les bassins de pierres se sont déplacés et les structures de fer se sont déformées. Il est prévu de consolider la base de la fontaine et de rénover les différents éléments abimés par le temps.

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"Li Tchestia"

Au cours du temps, le château, "Li Tchestia", fut sous le contrôle de différente domination. Durant le moyen-âge et les temps moderne, il était de notoriété que "qui tenait Huy, tenait la Meuse".
L'éperon rocheux dominant la vallée de la Meuse et du Hoyoux constitue très tôt un endroit stratégique de défense et de surveillance. Un château-fort y fût donc bâtis vers l’an 890. Celui-ci complétait la ligne de défense des murailles de la ville, et constituait un rôle protecteur dans l’histoire de la ville.

Cette forteresse redoutable était appréciée de la communauté des évêques qui venaient fréquemment chercher un abri sûr et confortable. Le pape Georges X a même déclaré qu’il n’en avait jamais, lors de ces voyages, ni vu de si grand, de si fort et de si beau ! Le château a pourtant encore été agrandi par la suite : une riche chapelle antique est bâtie en 624 et la célèbre « Tour Bassin » est érigée vers l’an 1000. Sous la partie visible de cet ensemble castral se trouvait une série de salles, couloirs et d’escaliers taillés dans le roc. Outre ces vastes salles richement ornées, le château renfermait des magasins d’armes et d’approvisionnement, ainsi que de luxueux appartements.

Grâce à cette forteresse, Huy devient alors un poste avancé de la principauté de Liège, qui défend l’accès de la vallée de la Meuse. L’histoire se confond dès lors avec celle de la principauté liégeoise.

Au fil des siècles, Li Tchestia a été attaqué à de nombreuses reprises : incendies, pillages et épidémies ravagèrent plusieurs fois la cité mosane.

Entre 839 et 1717, le château a été démoli et reconstruit maintes fois. La violence des guerres et de l’occupation étrangère a induit le Traité d’Utrecht en 1717 qui décréta la démolition complète du château et de ses fortifications.
L’emplacement reste vide jusqu’en 1818, date à laquelle le royaume des Pays-Bas commence la construction du fort actuel. Le 6 avril 1918, en présence du prince Frédéric des Pays-Bas, la première pierre du nouvel ouvrage militaire, appartenant désormais aux Hollandais, fût posée. Les hollandais capitulent en 1830 suite à la menace d’une poignée d’hutois. Le fort est considéré comme désaffecté en 1831 et fut ensuite racheté par l’état.
En août 1914, durant la première guerre mondiale, les allemands prirent possessions du Fort afin d'y établir un camp de discipline pour ses troupes.
En 1918, le Fort devient un centre pour prisonniers russes.
De 1920 à 1932, l'Ecole régimentaire de la 14e ligne s'installe dans le bâtiment.

Ce n’est que plus tard que la Défense Nationale donna l'autorisation d'utiliser le fort à des fins touristiques jusqu'en 1937.

Durant la seconde guerre mondiale, le fort a été pris d'assaut par les allemands. Il s'est alors transformé en un camp de détention. Plus de 7000 prisonniers y ont été incarcérés.

Depuis le 31 décembre 1946, le fort a repris son occupation d'attraction touristique.

Aujourd'hui, Li Tchestia est propriété de la ville de Huy et a été classé par Arrêté Royal du 1er octobre 1976.
Le fort est devenu un lieu de mémoire de la Seconde Guerre mondiale. L'énorme porte du fort, l'obscurité, la froideur des couloirs, les cachots sinistres, la salle d'interrogations, la salle des tortures, les lavoirs rudimentaires et les chambres de détentions sont un témoignage de l'univers des camps de concentrations nazi. Une salle audio-visuelle achève la visite du Fort : les visiteurs peuvent y entendre quelques témoignages de cette triste période. Li Tchestia accueille aussi de nombreuses expositions temporaires, et offre une vue imprenable sur la ville de Huy et la vallée Mosane.

Le fort de Huy est certes une trace du passé, mais avec son utilisation actuelle, il est aussi un pari pour l’avenir.

Peinture de l'ancien Tchestia surplombant la ville - auteur inconnu
Le fort Hollandais, fort actuel
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"Li Rondia"

Li Rondia est une rosace de style gothique rayonnant, et la plus grande de Belgique à ce jour. Elle se trouve sur la paroi occidentale de la grande tour de la Collégiale Notre-Dame de Huy (1311). La rosace, elle, date du XIVe siècle.
Elle possède un diamètre intérieur de 6 mètres pour un diamètre extérieur de 9 mètres, et recouvre une superficie totale de 28 m².

Ses superbes vitraux ont étés conçus par le doyen Delruelle et réalisés par Gsell-Laurent à Paris. Il y a malheureusement peu d’archives disponibles pour cette richesse de notre patrimoine.
Les vitraux que l’on peut admirer aujourd’hui datent de 1974. En effet, les originaux ont été entièrement détruits à la suite du bombardement du 18 août 1944.
Li Rondia devait permettre une projection de ses rayons de lumière colorée vers les pierres des nefs, les colonnes et le chœur de l’édifice.

Les meneaux ont étés sculptés en pierre de France, à l’identique des anciens. Le verre choisi est un verre antique coloré et d’une épaisseur de 2 à 3 millimètres.
Le centre de la rosace, source de feu représente Dieu et la trinité divine. Autour de ce centre, il y a l'illustration de la Sainte-Vierge et des apôtres. Nous retrouvons ensuite la terre et les hommes.
La rosace représente symboliquement la descente de la lumière de Dieu vers les hommes en passant par les saints et la Vierge.
Les couleurs dominantes de la rosace sont le rouge et le bleu, le bleu symbolise la Vierge Marie et le rouge symbolise le sang des dix martyrs hutois, qui étaient représentés auparavant dans le vitrail. Cette rosace a pour but d'évoquer la joie, la puissance de la vie et le bonheur de l'esprit et, elle est : « Le plus bel exemple d’une symbolique des couleurs appliquée à l’art abstrait »

« Au Moyen Age, le vitrail est avant tout un art de la lumière, chargé de toute une symbolique. La lumière est au centre de l’esthétique médiévale, la manifestation et le symbole de Dieu, de sa Grâce, de sa présence réelle bien qu’invisible. Il a aussi une fonction didactique. De même que le verre, par sa translucidité, est un grand mystère chargé de signification, semblable en cela aux pierres précieuses. L’art du vitrail participe aux grands mouvements artistiques de son temps. Il a aussi de grands liens avec la peinture, la sculpture ». (Y. Vanden Bemden)

Vue de Li Rondia depuis l'intérieur de la Collégiale Notre-Dame
Détail de la rosace
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"Li Pontia"

La première pierre de ce pont a été posée le 30 juin 1294 et les travaux ne furent achevés que 9 ans plus tard. Li Pontia présentait l’aspect d’une rue : on y édifia des maisons et partir de 1343, la prison de la ville s'y est même installée. En 1676, l'armée française, qui s'était emparée de la ville, a fait sauter 2 arches et 2 piles du pont. La ville, qui n'avait pas les fonds nécessaires à la reconstruction de celui-ci, a fait percevoir un droit de passage sur les bateaux qui passaient par Huy durant plusieurs années. C’est cet argent qui permit la reconstruction du pont en 1680. Les travaux furent terminés en 1686. En 1693, le commandant de Huy, à l'approche de l'armée française, a fait sauter plusieurs arches du Pontia afin de protéger la ville. Les parties détruites ont été reconstruites en bois car les ressources de la ville étaient épuisées à cause de sa reconstruction récente. En 1703, les occupants français ont à nouveau détruit le Pontia.
Le 14 juillet 1749, le Pontia fut détruit cette fois par l'inondation du Hoyoux. En 1793, les français ont fait sauter l'arche centrale du Pontia, qui fut reconstruite en pierre en 1808.
Enfin, en 1898-1899, la dernière pile de la rive gauche fût supprimée pour faciliter le passage des bateaux. Dans la nuit du 14 au 15 août 1914, les troupes belges firent sauter l’arche du milieu. Réparé en 1920-1921, il devait à nouveau sauter durant la guerre 40-45.
Le dernier descendant du Pontia a été inauguré par le Roi Baudouin le 9 juin 1956 ; celui-ci a donné son nom à l'ouvrage.


L'ancien Pontia - auteur inconnu
L'actuel pont Roi-Baudouin

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